égalité de traitement?

Ce soir, Dupont Aignan, E.Joly, F.Hollande, M.Lepen, P.Poutou ont passé leur oral à la télévision.

Premier sentiment, un grand manque. Les questions n'ont été qu'évoquées. Un quart d'heure chacun pour s'expliquer sur la crise économique et monétaire, sur les évènements internationaux, sur l'Europe, l'immigration, l'écologie, l'école, les ventes d'armes, la drogue, le logement, le nucléaire, les alliances politiques, le rôle des banques, la fiscalité. Chaque sujet méritait à lui seul plusieurs minutes pour en décortiquer l'essence.

Critique plus fondamentale de l'émission pilotée par monsieur Pujadas, c'est l'inégalité de traitement de chaque candidat. Tour à tour interrogés par les mêmes journalistes, on pouvait s'attendre à ce que les mêmes questions soient posées à chacun. Ainsi, les spectateurs auraient pu saisir les contradictions, les désaccords ou les concordances. Le débat politique aurait éclairé l'électeur. Mais le concept très réfléchi par la direction de l'antenne ne poursuit pas ce but. Au contraire, il s'agit d'embrouiller, d'empêcher les comparaisons, d'enrayer la réflexion.

Que reste-t-il de ce pseudo-débat?

Que Dupont Aignan veut quitter l'euro, c'est son credo.

La confirmation que M.Lepen déteste les immigrés et les taxe de tous les maux, ce n'est pas un scoop. Qu'elle condamne l'avortement, une évidence. Elle a fait excellemment son job pour disputer l'électorat raciste à N.Sarkozy.

E.Joly a défendu sa manière de percevoir l'écologie sans échapper à la faiblesse de l'accord passé avec le parti socialiste sur le nucléaire. Du réchauffé.

F.Hollande prenant appui sur ses 60 propositions a surtout insisté sur sa stature de président virtuel puisqu'il a asséné l'idée qu'il était le seul candidat pour gagner et que les autres sont des figurants. Quel ego démesuré!

Quand à P.Poutou, il a réaffirmé être candidat pour porter les idées de son parti et non pour prendre le pouvoir. Ca va tempérer l'ardeur de ses supporters.

J'ai envie d'écrire "tout ça pour ça"!  Dommage. L'occasion était trop belle. Avoir les candidats sur le plateau, des journalistes animés d'un sérieux travail d'information pouvaient les titiller sur des sujets que se posent les français: les salaires, peut-on les augmenter? Est-ce dangereux pour notre économie? Les patrons seront-ils sur la paille? L'Europe laissera-t-elle la France pratiquer une politique différente de celle d'aujourd'hui? La fiscalité, l'emploi, la formation, bien d'autres sujets auraient passionnés et captivés l'auditoire. Rien de tout cela. J'ai senti qu'il fallait un débat "canada dry". Ils l'ont réussi. Et les mêmes pourront dire et écrire que la campagne électorale ne passionne pas. Ce qui est faux car des millions de personnes connaissent un engouement pour la discussion, l'échange, l'action politique. Hors des caméras et des projecteurs!

Faut participer à des cafés-débats, des rencontres d'appartements, des meetings ou des rassemblements citoyens pour connaître la ferveur des grands moments de l'histoire en mouvement. Les initiatives du front de gauche en sont des prémices.