Fin de la Grande illusion?

L'unanimité me rend circonspect. Quand droite et social-démocratie sont à l'unisson, je tremble. Ca n'est jamais bon pour les peuples. En sera-t-il autrement avec la réélection d'Obama à la tête du plus grand pays capitaliste du monde? J'en doute. Je suis convaincu du contraire. Bien sûr, je ne souhaitais pas la victoire de son concurrent conservateur. L'appel à travailler ensemble lancé par Obama m'intrigue. Comment les partisans d'une sécurité sociale peuvent -ils s'entendre avec les abolitionnistes de cette idée? Comment les adorateurs du veau d'or pour quelques-uns se rapprocheraient-ils plus de ceux qui souhaitent réguler le marché? Il y a duperie quelque part. On ne peut contenir la finance en baissant la garde, les 4 ans de pouvoir d'Obama devrait lui servir de leçon. Force est de constater que le faible niveau de réformes n'a rien changé à la crise économique et sociale des États- Unis. Le chômage y croît, le pouvoir d'achat s'affaisse, la crise du logement( les subprimes) se poursuit, les entreprises ferment, les vieux doivent reprendre un travail sous peine de crever de faim.

Le libéralisme domine tous les aspects de la vie et crée d'énormes inégalités qui poussent à l'effondrement de la société américaine. Rares sont les commentateurs français qui l'avouent! Pourtant ils le savent mieux que nous car ils voyagent beaucoup outre atlantique. Sont-ils aveugles? Montebourg ce matin déclare que le volontarisme obamien fait la preuve de son efficacité. Lui qui a étudié sur place comment on organise des primaires devrait nous dire la vérité sur les réalités américaines. L'automobile, ça repart nous dit-il. N'at-il pas vu les décombres à Cleveland, Détroit, Chicago, Flint et Cincinnati?  Ne sait-il pas que les constructeurs délocalisent au Mexique? Récemment, n'a-til pas écouté les américains victimes de l'ouragan tempêter contre l'incapacité des 25 firmes électriques, gazières à répondre dans l'urgence? Ce sont les conséquences des privatisations et de la disparition des services publics. Faut entendre les américains de Paris louer et vanter la vie française pour comprendre que le rêve américain n'est effectivement qu'un rêve que l'on nous vend outrancièrement. La réalité, c'est l'enfoncement des USA dans la dette et le marasme économique, entraînant les autres pays dans leur sillage ( seul point d'accord avec Montebourg).

Sur le plan international, aucune proposition concrète dans le programme d'Obama puisqu'il n'a pas réalisé les promesses de sa dernière campagne électorale. Guantanamo est toujours en service, la guerre en Afghanistan se poursuit, le conflit israelo-palestinien s'embourbe, le soutien aux dictatures arabes (Arabie saoudite, émirats,)  s'accroit, recherche de déstabilisation des nouvelles démocraties latino-américaines, forcing du dollar sur le reste du monde. Tel est son bilan.

Je ne serai pas de ceux qui rêvent éveillés. La victoire d'Obama confirme le désarroi des américains qui n'ont aucune alternative organisée face aux deux partis, démocrate et républicain, qui brouillent l'opinion. Deux partis en accord complet sur les orientations économiques, financières et politiques favorables au libéralisme décomplexé. Non, Monsieur Montebourg, je ne suis pas d'accord avec votre analyse. La France  doit prendre une autre voie. Dégageons-nous de la domination US et dégageons l'Europe de la tutelle mortifère!