la force du déclencheur!

En se déclarant "déclencheur", Mélenchon a sous-estimé les effets de son geste. En quelques jours, une avalanche de prises de postion anti-gouvernementale déferle dans les médias. Les dirigeants socialistes se déchirent sans trop de rupture, Martine Aubry se convertit à la "phrase gauchiste"sans attaquer Hollande, Cohn Bendit signe l'appel aux "primaires de gauche" et vante le progressisme de Juppé ( comprenne qui peut). Par contre coup, les jeunes socialistes s'agitent dans les lycées et les facs. Le petit monde de gauche de gouvernement frétille, se bouscule pour capter le mécontentement exprimé par les agriculteurs,les salariés, les écologistes et les différentes catégories sociales énervées par les mesures contenues dans les différents projets de loi qui détruisent le modèle social français. Du côté communiste, on se précipite pour aller aux primaires de la gauche mais en incluant des restrictions sur le périmètre de celle-ci. Bref, le calendrier est bouleversé. Premier résultat mélenchonnien!

Cette effervescence marque le désarroi et l'embarras du gouvernement Hollande/Valls. Elle traduit une nouvelle fracture avec le peuple français et sa jeunesse. Au salon de l'agriculture, les paysans ont manifesté leur colère comme les ouvriers de Goodyears et les salariés de Vallourec que Mélenchon est venu soutenir. Sa rencontre avec les étudiants lillois ( 700 dans l'amphi) témoigne de la montée du mouvement social auquel nous devons ajouter le rassemblement du 9 mars qui verra converger les différentes luttes. Sans oublier la manifestation contre le projet d'aéroport Notre Dame des Landes qui va à l'encontre de la COP21. Le projet de loi sur le travail présenté par  Mme El  Khomri cristallise les déceptions, les rancoeurs, les protestations, les contestations et les oppositions diverses. Une marée d'opposants va se dresser contre la régression sociale poursuivie par Hollande et ses ministres. Cette opposition deviendra-t-elle majoritaire? S'articulera-t-elle autour d'une politique? Sera-t-elle incarnée par une candidature en 2017? La réponse à ces interrogations dépend en partie de l'engagement des groupes de citoyens "insoumis" initiés par la proposition de candidature de Mélenchon.

Nous revoilà dans le débat sur la création d'un mouvement populaire majoritaire pour mettre bas le système présidentiel, démocratiser les institutions, garantir les droits sociaux et s'émanciper des traités européens. Dans ce domaine, constatons l'avancée que constitue la mise en mouvement autonome des citoyens eux-mêmes. C'est le dépassement des tractations partisanes qui bloquent la participation la plus large des individus. Bien sûr, l'existence et l'apport des partis et des organisations joue un rôle dans les réflexions que personne ne peut nier. Si l'on veut donner le pouvoir aux citoyens, il nous faut créer les conditions de l'implication citoyenne et la création des mouvements "insoumis" en est une illustration. A suivre....